Depuis 40 ans, l’Afghanistan est le théâtre d’affrontements qui ont façonné son histoire: enjeu majeur de la Guerre Froide entre 1979 et 1988, qui a vu les Moudjahidins affronter l’Armée Rouge, les années 90 enregistrent le réveil des conflits internes et l’arrivée au pouvoir du Mollah Omar et des talibans en 1996.
Sous le régime conservateur des talibans, les droits et libertés des femmes ont considérablement été réduits et les violences spécifiques de genre ont trouvé une justification autant politique que légale. L’assassinat du Commandant Massoud le 9 septembre 2001 et les attentats terroristes sans précédent perpétrés aux Etats-Unis deux jours plus tard précipitent la réponse militaire de l’OTAN et de Washington : le régime taliban s’effondre à la fin de l’année 2001 et une réunion, menée à Berlin en décembre sous l’égide de l’ONU, nomme Hamid Karzaï à la tête d’un gouvernement de transition.
Depuis 2002, la situation et les conditions de vie des femmes et des filles en Afghanistan se sont améliorées, comme par exemple un meilleur accès à une eau propre et salubre, essentielle pour les femmes enceintes et celles avec des enfants en bas âge ou une augmentation de la scolarisation des enfants: en 2016, 9 millions d’élèves étaient scolarisés dont 39% de filles, contre 1 million en 2002. (UNICEF, 2016).
L’année 2018 marque cependant un net recul, conséquence directe de la dégradation sociale, politique et économique du pays : 3.5 millions d’enfants ne sont toujours pas scolarisés, parmi lesquels 75% de filles ; 81% des filles de moins de quinze ans sont considérées analphabètes (UNICEF, 2017) ; 21% des inscrits dans l’enseignement secondaire sont des filles (UNESCO, 2017).
Par ailleurs, si la proportion d’enseignantes augmente au sein des écoles, elle reste encore trop marginale et influe sur la présence des filles en classes, les familles n’acceptant que très rarement qu’elles suivent des cours dispensés par des hommes.
Permettre aux femmes et filles d’avoir accès à une éducation de qualité et respectueuse de leur dignité nous paraît essentiel : les filles et femmes instruites ont plus de chances de se marier plus tard et d’avoir moins d’enfants, qui à leur tour auront plus de chances d’avoir une vie meilleure, d’être mieux nourris et mieux éduqués. Les femmes instruites sont aussi mieux rémunérées et plus aptes à participer aux décisions sociales, économiques et politiques.
De manière générale, les conditions de vie des femmes afghanes restent manifestement très précaires, l’Afghanistan étant toujours considéré comme le pays le plus dangereux du monde (Atlas & Boots, 2019) ainsi que l’un des pires pays au monde pour les femmes. En effet, bien que le gouvernement afghan ait adopté en 2009, pour la première fois de son histoire, une loi protégeant les femmes contre toute forme de discrimination, les violences sexuelles et domestiques, l’échange de femmes et de filles comme solution de résolution de conflits internes, les enlèvements, les mariages forcés ou précoces ou encore les menaces et attaques en public sont autant de réalités du quotidien auxquelles sont confrontées les femmes et les filles en Afghanistan.